Le Professeur Luc Montagnier

Le Professeur Luc Montagnier

Luc Montagnier est un biologiste virologue français, né, le , à Chabris, dans l’Indre. Le , il est colauréat avec Françoise Barré-Sinoussidu prix Nobel de physiologie ou médecine, pour la découverte, en 1983 du VIH, le virus responsable du sida. Son rôle dans la découverte du rétrovirus est cependant discuté et il est en outre diagnostiqué par les sceptiques comme atteint de la « maladie du Nobel » (consistant pour un prix Nobel à se mettre à travailler sur des sujets où il n’a aucune compétence ou sur des théories pseudo-scientifiques), après avoir multiplié ses positions en décalage total avec les connaissances actuelles en termes de biologie et de médecine, et dépourvues de tout fondement scientifique solide.

Il est professeur émérite à l’Institut Pasteur, où il dirige l’unité d’oncologie virale de 1972 à 2000, directeur émérite de recherche au Centre national de la recherche scientifique4 et ancien professeur à l’université de New York. Il est membre des Académies des sciences et de médecine. Marginal, il finit par faire l’objet de vives critiques et même d’être accusé de charlatanisme dans les années 2000, affirmant que l’ADN émettrait spontanément des ondes électromagnétiques (justifiant au passage le traitement des personnes autistes à l’aide d’antibiotiques, de traiter le sida au Cameroun par l’alimentation et l’homéopathie, et proposant de pouvoir téléporter de l’ADN de la France vers l’Italie) et remettant au goût du jour les théories improbables de la « mémoire de l’eau » de Jacques Benveniste.

En 2010, Luc Montagnier a annoncé qu’il fuyait le « climat de terreur intellectuel » en France pour prendre la direction d’un nouvel institut de recherche en Chine à l’université Jiaotong de Shanghai, où il poursuit ses recherches sur la formation dans l’eau de « nanostructures » induites par l’ADN. En 2012, alors que Montagnier est pressenti pour présider un laboratoire de recherches au Cameroun, 44 autres prix Nobel signent une lettre au président du pays pour dénoncer « [les solutions de Montagnier] qui n’ont aucun début de preuves scientifiques » et le prévenir d’« un impact désastreux sur la qualité du système de santé au Cameroun ». En novembre 2017, lors d’une conférence aux côtés d’Henri Joyeux, Montagnier signe son arrêt de mort scientifique après un « lent naufrage » : en quelques semaines, plus d’une centaine de scientifiques condamnent dans une pétition ses propos irresponsables sur des risques supposés des vaccins.

Biographie[modifier | modifier le code]

Luc Montagnier est issu d’une famille du Berry, fils unique d’un père expert-comptable et d’une mère au foyer13. Il poursuit de front des études de médecine et de sciences d’abord à Poitiers, où il a pour professeur Pierre Gavaudan, qui l’initie aux notions de biologie moléculaire, discipline alors naissante. À 21 ans il montre que les radiations jaunes sont responsables du phototaxisme du chloroplaste chez une algue, en utilisant des filtres colorés, un microscope et une caméra.

Puis, à Paris et à 23 ans, il est assistant à la faculté des sciences de Paris. Il se perfectionne dans les méthodes de culture de cellules humaines en conditions parfaitement stériles. En 1957, la première description d’un ARN viral (celui du virus de la mosaïque du tabac) par Fraenkel-Conrat (en) et Gierer (de) et Schramm (de) détermine sa vocation : devenir un virologue grâce à l’approche moderne de la biologie moléculaire.

En 1960, il entre au CNRS puis effectue des stages en Grande-Bretagne, dans des laboratoires réputés de virologie. En 1963, à Carshalton, dans le laboratoire de F.K. Sanders, il découvre le mécanisme de réplication des virus à ARN, en isolant une molécule infectieuse en double hélice d’ARN analogue à celle de l’ADN dans le virus murin encephalomyocarditis (en). C’est la première fois que l’on démontre qu’un ARN peut se répliquer comme l’ADN, en produisant un brin complémentaire. Il travaille ensuite à Glasgow où il montre que chez le virus oncogène Polyomavirus, l’ADN nu seul comporte le pouvoir oncogène.

De retour en France, à l’Institut Curie, en collaboration avec P. Vigier, il étudie la réplication et la structure de l’ARN d’un rétrovirus, le virus du sarcome de Rous. Il démontre que ce rétrovirus intègre son patrimoine génétique dans l’ADN des cellules infectées.

En 1972, à l’invitation de Jacques Monod, il crée l’Unité d’oncologie virale dans le nouveau département de virologie de l’Institut Pasteur. Ses recherches vont alors porter en partie sur l’interféron et sur son rôle dans l’expression génétique des virus. En 1982, il découvre une nouvelle activité enzymatique associée aux mitochondries des cellules cancéreuses.

En 1975, il est rejoint par Jean-Claude Chermann et sa collaboratrice, Françoise Barré-Sinoussi, spécialisés dans la recherche de transcriptase inverse, qui s’attellent à chercher des rétrovirus infectant des humains.

Découverte du VIH[modifier | modifier le code]

En 1983, c’est la découverte avec ses collaborateurs Jean-Claude Chermann et Françoise Barré-Sinoussi d’un nouveau rétrovirus humain, le Lymphadenopathy Associated Virus (LAV), maintenant reconnu comme le virus agent causal du sida. L’équipe qu’anime Luc Montagnier dès le début de cette découverte s’attache, dans des conditions difficiles, à caractériser ce nouveau virus et à démontrer son rôle dans le sida, notamment par l’étude de ses propriétés biologiques et la mise au point d’un test de diagnostic sérologique.

En 1986, le groupe de Luc Montagnier découvre à nouveau un second virus associé au sida en Afrique de l’Ouest14, mais très différent du premier par ses séquences moléculaires.

Luc Montagnier est le premier chef du nouveau département « Sida et rétrovirus » de l’Institut Pasteur, à Paris, qu’il dirige de 1991 à 1997.

Par ailleurs, Luc Montagnier et ses collaborateurs démontrent que des mycoplasmes augmentent considérablement l’effet cytopathogène du virus. Cette observation est le point de départ d’une recherche encore en cours sur le rôle des cofacteurs infectieux dans la virulence et l’effet pathogène du virus, recherche pouvant conduire à de nouvelles approches thérapeutiques et vaccinales.

En 1993, il crée la Fondation mondiale prévention et recherche sida (FMPRS), sous l’égide de l’UNESCO. De 1997 à 2001, il est professeur et directeur du Centre de biologie moléculaire et cellulaire au Queens College de l’Université de New York (en).

Avec son collègue italien Vittorio Colizzi, Luc Montagnier participe à plusieurs conférences, notamment en Afrique, pour lutter contre la propagation du VIH.

Recherches et déclarations controversées[modifier | modifier le code]

Téléportation de l’ADN et « applications » polémiques[modifier | modifier le code]

Articles détaillés : Téléportation de l’ADN et Mémoire de l’eau.

Dans deux publications datant de 200915,16 dans une revue dont il préside le comité éditorial 17, l’équipe de Montagnier décrit une propriété inédite de l’ADN d’agents infectieux, les bactéries dans un cas et le VIH dans l’autre : l’ADN induirait des nanostructures dans l’eau émettant des ondes électromagnétiques de basse fréquence après filtration, agitation et dilution.

De ces expériences, Montagnier émet l’hypothèse que des bactéries seraient impliquées dans l’autisme et d’autres maladies chroniques, que lui pourrait détecter avec sa méthode18. Présentée lors d’une intervention en 2012 à l’Académie nationale de médecine, ses déclarations font de nouveau scandale19.

En 2015, l’équipe de Montagnier prétend enregistrer les signaux électromagnétiques que l’ADN émettrait, de l’envoyer par mail à un laboratoire italien qui s’en servirait pour reconstituer à l’identique l’ADN « enregistré » dans un tube d’eau pure ainsi « informée »20. Cette expérience a valu au professeur d’être la « risée » du monde scientifique, qui a simplement ignoré ces résultats considérés comme « absolument invraisemblables »21,22.

Luc Montagnier admet se rapprocher des recherches et thèses du docteur Jacques Benveniste. En décembre 2010 dans une interview à la revue Science il déclare : « On me dit que certains ont reproduit avec succès les expériences de Benveniste mais ils ont peur de les publier à cause de la terreur intellectuelle de la part de ceux qui ne les comprennent pas »23. Ces théories sont considérées comme étant le résultat de fraudes scientifiques ou d’artefacts expérimentaux.

Le sida[modifier | modifier le code]

Dans le documentaire The House of Numbers de 2009 niant la relation de causalité du VIH envers le sida, Luc Montagnier a déclaré qu’avec un bon système immunitaire, épaulé d’une bonne nutrition antioxydante, l’organisme se défend mieux contre les attaques virales 24:

« Je crois que c’est l’une des façons d’aborder le problème pour diminuer le taux de transmission. Je crois qu’on peut être exposé au VIH plusieurs fois sans être infecté de manière chronique. Si vous avez un bon système immunitaire, il se débarrassera du virus en quelques semaines. Et c’est cela aussi le problème des Africains : leur nourriture n’est pas très équilibrée, ils sont dans un stress oxydatif, même s’ils ne sont pas infectés par le VIH. À la base, leur système immunitaire ne fonctionne pas bien, et donc peut permettre au virus de rentrer dans l’organisme et d’y rester. »

En 2010, à l’âge de 78 ans, il est recruté dans le cadre de son projet par l’université Jiao-tong de Shanghai, en Chine25.

Papaye fermentée[modifier | modifier le code]

En 2002, Montagnier propose au pape Jean-Paul II de guérir sa maladie de Parkinson à l’aide de gélules à base de papaye fermentée, dont l’effet « antioxydant » protégeraient du vieillissement. Il déclare même, évoquant des essais non publiés, « On a essayé sur des patients atteints de sida, en Afrique, qui étaient sous trithérapie. Avec la papaye, leur système immunitaire se rétablissait beaucoup mieux », et que le produit miracle permettrait aussi de lutter contre l’alcoolisme. À l’occasion de la publicité offerte par ce chercheur, les pharmacies françaises se mettent à vendre différentes préparations à base de ce fruit fermenté26. L’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) est saisie en 2004, et rend un avis concluant qu’aucune démonstration de l’implication de la préparation de papaye fermentée n’est apportée, que toutes les vertus prétendues sont avancées sans preuves scientifiques et simplement diluées dans des considérations biologiques générales sur le système anti-oxydant, le vieillissement ou le système immunitaire27.

Maladie de Lyme[modifier | modifier le code]

En 2016, il se fait encore remarquer en proposant une méthode farfelue pour diagnostiquer la maladie de Lyme, causée par des bactéries — les borrélies — transmises par les tiques, en « captant des ondes électromagnétiques émises par l’échantillon de sang étudié »28. Certains médecins prescrivent à leurs patients de faire réaliser ce test en adressant leurs échantillons à la société Nanectis gérée par Montagnier. Les analyses coûteraient aux patients entre 300 et 400 , à régler sous la forme d’un « don libre », c’est-à-dire en partie déductible des impôts29.

Vaccins[modifier | modifier le code]

Le 7 novembre 2017 il participe avec Henri Joyeux (radié par le Conseil de l’Ordre des médecins en 2016 pour non-respect du Code de déontologie), à une conférence de presse où il déclare être d’accord avec plusieurs arguments des anti-vaccins qui sont réfutés par la communauté médicale 30,31,32:

  • les vaccins seraient responsables de morts subites du nourrisson et Montagnier déclare avoir « un dossier judiciaire américain concernant un bébé mort aux États-Unis après avoir été vacciné »
  • les adjuvants à base de sel d’aluminium seraient « responsables d’une tempête immunitaire chez le nourrisson »
  • le « paracétamol, que l’on donne aux nourrissons quand ils ont une réaction au vaccin. C’est du poison. »

Une grosse centaine d’académiciens des sciences et de médecine co-signent une tribune à la suite de cet événement, qui considèrent que Montagnier « utilise son prix Nobel pour diffuser, hors du champ de ses compétences, des messages dangereux pour la santé, au mépris de l’éthique qui doit présider à la science et à la médecine ». Pour Le Figaro, Montagnier signe son arrêt de mort scientifique, après un « lent naufrage »depuis ses déclarations sur la mémoire de l’eau, ou celles sur les africains et le VIH12. La presse publie des articles où les arguments de Montagnier sont réfutés un par un32,33,34. Par exemple, Montagnier déclare : «  Certains enfants décèdent 24 heures après avoir été vaccinés. On a quand même le droit de s’interroger sur cette corrélation temporelle. C’est juste du bon sens. ». Robert Cohen, professeur de pédiatrie à l’hôpital de Créteil, répond qu’il est simple d’expliquer cette corrélation temporelle : les premiers mois de la vie du bébé sont à la fois ceux où la mort subite est la plus fréquente, et ceux où on les vaccine. Il est donc naturel que, statistiquement, certaines morts subites aient lieu quelques jours après la vaccination32Slate affirme qu’une étude anglaise de grande ampleur a été menée entre 1993 et 1996, dont la conclusion est que la couverture vaccinale n’est pas supérieure pour les enfants décédés de mort subite, et que même, au contraire, la vaccination pourrait protéger de la mort subite34Sciences et Avenir fait remarquer qu’il existe aussi une corrélation temporelle entre les couches du bébé, les petits pots et la mort subite du nourrisson33. Luc Montagnier lui-même reconnaît que le lien de causalité entre les vaccins et le mort subite du nourrisson n’est pas prouvé31.

Attribution du Nobel[modifier | modifier le code]

Virus HIV fixé sur un lymphocyte vu en microscopie électronique (fausses couleurs, le VIH est en vert).

En janvier 1983Willy Rozenbaum, un infectiologue travaillant à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière, prélève pour Jean-Claude Chermann un ganglion cervical chez « Bru », un jeune homosexuel de trente-trois ans qui présente des adénopathies suspectes depuis un mois, après avoir séjourné à New York en 1979 et avoir eu de nombreux partenaires sexuels ; il meurt du sida en 1988.

Les lymphocytes du prélèvement sont mis en culture le jour même à l’Institut Pasteur par l’équipe de Luc Montagnier (l’équipe de Jean-Claude Chermann travaillant avec des rétrovirus contrairement au Dr Montagnier, pour éviter les risques de contamination) en présence d’IL-2 (qui stimule la culture des lymphocytes T) et de sérum anti-interféron (qui assure une bonne production de virus par les cellules). Après 15 jours de culture, Jean-Claude Chermann et Françoise Barré-Sinoussi, son assistante, détectent une faible activité transcriptase réverse. Cette enzyme est produite par les rétrovirus pour intégrer spécifiquement l’ADN de sa cible. Cette activité enzymatique persiste jusqu’au 26 janvier, puis disparait avec la destruction des lymphocytes. Jean-Claude Chermann verse le liquide de la première culture sur une nouvelle culture de lymphocytes, provenant d’un second donneur de sang. L’activité enzymatique réapparait avec ces lymphocytes, traduisant la reprise d’une activité virale du VIH. Ils concluent donc bien à un rétrovirus, mais celui-ci est différent des rétrovirus connus. En effet, le HTLV-1 ne détruit pas les cellules infectées. Et les anticorps anti-HTLV-1 fournis par Robert Gallo, le découvreur du rétrovirus, ne reconnaissent pas le nouveau virus.

Le 4 février, le virus est vu au microscope électronique à la surface des lymphocytes par Charles Dauguet, à l’Institut Pasteur ; entouré d’une enveloppe, il ressemble davantage à un lentivirus qu’à un HTLV-1. Il est appelé LAV, pour Lymphadenopathy-Associated Virus, après avoir été isolé chez d’autres patients atteints d’un sida avéré et que son tropisme pour les lymphocytes CD4 ait été démontré.

La découverte est publiée dans le numéro de Science du 20 mai, à côté d’un autre article de Gallo et Essex impliquant le HTLV-1 (renommé Human T-Leukémia virus) comme cause du sida35.

En septembre 1983, Jean-Claude Chermann présente les résultats à Long Island, en apportant la preuve de l’existence d’anticorps anti-LAV détectés par un test ELISA mis au point à l’hôpital Bichat-Claude-Bernard. Gallo conteste l’appartenance du LAV au groupe des rétrovirus, rapporte la présence du HTLV-1 ou d’anticorps anti-HTLV-1 chez des patients atteints du sida, et présente pour la première fois le virus HTLV-III (Human T-Lymphotropic Virus). C’est le début de la controverse.

À partir du HTVL-III isolé par culture entre le  et janvier 1984, l’équipe de Gallo met au point un test sérologique positif chez 88 % des malades du sida. Cette souche n’est pas comparée au LAV, mais, en fait, il s’agit du même virus, appelé LAV/HTLV-III puis HIV (Human Immunodeficiency Virus) par une commission de nomenclature en 1986.

Le séquençage du génome de ce virus à ARN, réalisé dès 1984 à l’institut Pasteur, montre qu’il est très variable en raison des erreurs commises par la transcriptase inverse lors de la réplication, or la souche du LAV isolée par Jean-Claude Chermann et celle du HTLV-III de Gallo sont pratiquement identiques. Jean-Claude Chermann a envoyé son virus à Gallo (à la demande expresse de Mikulas Popovic, collaborateur de ce dernier) dès le . Gallo n’admettra jamais avoir triché, mais la polémique se terminera par un compromis et le partage des droits sur la mise au point du test sérologique de dépistage36. Luc Montagnier entre alors en jeu en tant que directeur de Jean-Claude Chermann pour s’occuper de défendre la découverte de l’Institut Pasteur. À l’époque son équipe ne travaille pas sur les rétrovirus, et c’est par son rôle de responsable administratif de Jean-Claude Chermann qu’il se retrouve lié à la découverte. Bien que les travaux ultérieurs de Gallo aient été essentiels pour la connaissance du virus, la paternité unique des Pasteuriens dans la découverte du virus est définitive. Le conflit entre Luc Montagnier et Gallo se termine par un accord indiquant que l’équipe américaine est co-découvreuse du virus. Jean-Claude Chermann refuse de signer l’accord, puis, forcé par écrit par Luc Montagnier, il signe et démissionne un an plus tard de l’Institut Pasteur. Luc Montagnier reprend alors les travaux de J. C. Chermann. La paternité de l’équipe pasteurienne a été confirmé en attribuant le Prix Nobel de physiologie ou médecine le  à Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier, en excluant le groupe de Gallo de la découverte37. Cependant, Jean-Claude Chermann en est écarté, et Luc Montagnier se présente comme le découvreur du virus alors que son équipe ne travaillait pas sur les rétrovirus en 1983. Pour corriger cette injustice, le président Nicolas Sarkozy promet de financer les travaux que Jean-Claude Chermann a poursuivi hors de l’Institut Pasteur38. Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi ont regretté de ne pas partager leur prix avec lui alors qu’il était pourtant l’un des cosignataires de la publication de mai 1983 dans la revue américaine Science rendant compte de la découverte du VIH39.

Engagements publics[modifier | modifier le code]

Dans sa jeunesse, Montagnier est communiste. Membre du PCF, pendant la guerre d’Algérie, il est à l’initiative, en 1957, avec Michel Crouzet, d’une pétition nationale au sujet de l’affaire Audin, disparition de l’universitaire Maurice Audin, arrêté, torturé et exécuté par l’armée française40.

Il lance le premier Sidaction aux côtés de Line Renaud en 199413.

Se disant agnostique13, il milite pour que les religions ne refusent pas les apports des sciences. De façon plus large, il lutte contre les injustices, s’impliquant par exemple dans la défense des infirmières bulgares13, accusées en Libye d’avoir inoculé le virus du Sida à leurs patients.

En 2008, il est entendu comme témoin, lors du procès de l’affaire de l’hormone de croissance, pour avoir rédigé en 1980 une recommandation sur le danger de transmission de la maladie de Creutzfeldt-Jakob41.

Prix et distinctions[modifier | modifier le code]

Luc Montagnier est lauréat de la Médaille d’argent du CNRS et a reçu le prix Albert-Lasker avec Robert Gallo et Myron Essex, en 1986, le prix Louis-Jeantet de médecine en 1986, les prix Galien et Korber[réf. nécessaire], le prix de l’École de médecine de Salerne [réf. nécessaire] et le prix Prince des Asturies de science avec Robert Gallo en 2000. Le , il est co-récipiendaire du prix Nobel de physiologie ou médecine avec Françoise Barré-Sinoussi pour ses travaux sur le virus du sida, dont la « découverte a été essentielle à la compréhension actuelle de la biologie de cette maladie et à son traitement antirétroviral », selon le comité Nobel.

Il est Grand Officier de la Légion d’honneur depuis le 42 et commandeur de l’Ordre national du Mérite, membre de l’Académie nationale de médecine et de l’Académie des sciences. Il est directeur de recherche émérite au CNRS et professeur émérite à l’Institut Pasteur.

Publications[modifier | modifier le code]

  • Luc Montagnier, Des Virus et des hommes, Odile Jacob, , 300 p.
  • Luc Montagnier, Sida et société française, La Documentation française, 
  • Luc Montagnier, R.Daudel, Le Sida, Flammarion, coll. « Dominos », 
  • Luc Montagnier, Les Combats de la vie, Jean-Claude Lattès, 
  • Luc Montagnier, Michel Niaussat et Philippe Harrouard, Le Nobel et le Moine : dialogues de notre temps, Libra Diffusio, 
Sélection d’articles
  • (en) Brule F, Khatissian E, Benani A, Bodeux A, Montagnier L, Piette J, Lauret E, Ravet E., « Inhibition of HIV replication: a powerful antiviral strategy by IFN-beta gene delivery in CD4+ cells. », Biochem Pharmacolvol. 6, no 74,‎ p. 898-910
  • (en) Ahuja SK, Aiuti F, Berkhout B, Biberfeld P, Burton DR, Colizzi V, Deeks SG, Desrosiers RC, Dierich MP, Doms RW, Emerman M, Gallo RC, Girard M, Greene WC, Hoxie JA, Hunter E, Klein G, Korber B, Kuritzkes DR, Lederman MM, Malim MH, Marx PA, McCune JM, McMichael A, Miller C, Miller V, Montagnier L, Montefiori DC, Moore JP, Nixon DF, Overbaugh J, Pauza CD, Richman DD, Saag MS, Sattentau Q, Schooley RT, Shattock R, Shaw GM, Stevenson M, Trkola A, Wainberg MA, Weiss RA, Wolinsky S, Zack JA., « A plea for justice for jailed medical workers », Sciencevol. 314, no 5801,‎ p. 924-5
  • (en) Gallo RC, Montagnier L., « The discovery of HIV as the cause of AIDS », N Engl J Medvol. 24, no 349,‎ p. 2283-5
  • (en) Montagnier L., « Historical accuracy of HIV isolation », Nature Medicinevol. 10, no 9,‎ p. 1235
  • (en) Gallo RC, Montagnier L., « Historical essay. Prospects for the future », Sciencevol. 298, no 5599,‎ p. 1730-1
  • (en) Montagnier L., « Historical essay. A history of HIV discovery », Sciencevol. 298, no 5599,‎ p. 1727-8
  • (en) Salamon R, Marimoutou C, Ekra D, Minga A, Nerrienet E, Huët C, Gourvellec G, Bonard D, Coulibaly I, Combe P, Dabis F, Bondurand A, Montagnier L., « Clinical and biological evolution of HIV-1 seroconverters in Abidjan, Côte d’Ivoire, 1997-2000. », J Acquir Immune Defic Syndr.vol. 2, no 29,‎ p. 149-57
  • (en) Moureau C, Vidal PL, Bennasser Y, Moynier M, Nicaise Y, Aussillous M, Barthelemy S, Montagnier L, Bahraoui E., « Characterization of humoral and cellular immune responses in mice induced by immunization with HIV-1 Nef regulatory protein encapsulated in poly(DL-lactide-co-glycolide) microparticles »Mol Immunolvol. 8, no 38,‎ p. 607-18