Le génocide Soudanais

 

Le Soudan

Ce pays grand comme 3 fois la France compte 35 millions d’habitants.

Indépendant en 1956, il connait une suite de coups d’État, jusqu’à celui du général Omar al-Bashir en 1989. La loi pénale de 1991 institua des peines sévères dans tout le pays, telles que l’amputation et la lapidation. Bien que les États du Sud non musulmans soient officiellement exemptés de ces dispositions, la loi permet cependant une possible application future de la charia dans le Sud du pays (alors rattaché au Soudan avec ses 11 millions d’habitants).

Omar al-Bashir accueille entre 1992 et 1996 Oussama ben Laden.

La guerre civile au Darfour

Une rébellion dans la province occidentale du Darfour a commencé début 2003. Le gouvernement et les rebelles ont été accusés d’atrocités au cours de cette guerre qui opposait la population arabisée du Soudan aux musulmans, chrétiens et animistes non-arabes de la région.

Les Janjawids sont des milices levées dans les tribus noires arabisées du Tchad et du Darfour. Apparues en 1988, elles sont tolérées par le gouvernement soudanais, qui les intègre à sa politique régionale de contrôle territorial.

En 1999-2000, confronté aux menaces de rébellion dans le Darfour occidental et septentrional, Khartoum décide d’armer les milices Janjawids. Quand l’insurrection prend de l’ampleur en février 2003, conduite par l’Armée de libération du Soudan et le Mouvement pour la justice et l’égalité, le gouvernement soudanais réplique en faisant des Janjawids sa principale force de répression. Encouragées à attaquer et reconquérir les zones tenues par les rebelles au Darfour, les milices Janjawids ont utilisé la tactique de la terre brûlée, accompagnée d’atrocités généralisées à l’encontre des civils : massacres, viols et déportations.

Le Département d’État américain (ministère des Affaires étrangères), soupçonne depuis 2004 les chefs Janjawids de génocide. Le Conseil de sécurité des Nations unies a aussi appelé à un désarmement des milices Janjawids.

Ces milices sont accusées du massacre de plus de 50 000 personnes, le conflit ayant fait, en trois ans, plus de 300 000 morts et 3 millions de déplacés et réfugiés, selon certaines estimations.

En février 2004, le gouvernement a proclamé sa victoire sur la rébellion mais les rebelles disaient garder le contrôle des zones rurales et certaines sources indiquent que des combats continuaient à de nombreux endroits.

En 2005, un accord de paix est signé, prévoyant l’autodétermination du Soudan du Sud, État indépendant depuis 2011.

Début 2006, de nombreux Janjawids ont été intégrés à l’armée soudanaise, à la Défense populaire ou aux gardes-frontières.

Réactions judiciaires de la communauté internationale

En mai 2007, la Cour pénale internationale a lancé deux mandats d’arrêts internationaux contre 2 soudanais accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité : Ahmed Haroun, ancien ministre de l’Intérieur, et Ali Kosheib, l’un des principaux chefs des milices janjawids.

En décembre 2007, le procureur de la Cour pénale internationale a dénoncé le manque de coopération du Soudan et demandé au Conseil de sécurité d’adresser un message ferme et unanime aux autorités soudanaises pour leur demander d’exécuter les mandats d’arrêt. Luis Moreno-Ocampo a déclaré qu’il faut «briser le système criminel » mis en place au Soudan, car « les vies des 2,5 millions de personnes [déplacées] sont à la clef ».

En effet, malgré son inculpation, Ahmed Haroun a conservé son poste de ministre d’État chargé des affaires humanitaires. De plus il a été nommé membre du Groupe national chargé du mécanisme de surveillance de la force hybride ONU-Union africaine pour le Darfour (MINUAD). Le procureur de la CPI a dit : « Le Gouvernement du Soudan défie de manière répétée l’autorité du Conseil de sécurité».

Le 14 juillet 2008, le procureur de la Cour pénale internationale a demandé aux juges de la CPI d’émettre un mandat d’arrêt à charge d’Omar el-Béchir parce qu’il aurait commis des crimes de génocide, des crimes contre l’Humanité et des crimes de guerre au Darfour.

Le 4 mars 2009, la CPI a émis un mandat d’arrêt contre le président soudanais, Omar el-Béchir. Ce dernier est accusé de crime de guerre et crime contre l’Humanité dans le cadre de la guerre civile au Darfour. (Source : Wikipédia)

Rapports et témoignages sur le Darfour

Extraits du rapport annuel d’Amnesty International 2004 (portant sur l’année 2003) :

« Toutefois, en janvier et en février, des milices soutenues et financées par le gouvernement ont attaqué et incendié des villages et tué de nombreux civils dans les zones pétrolifères. Dans le Darfour (ouest du pays), des milices alliées au pouvoir ont tué des centaines de civils et l’aviation gouvernementale a bombardé des villages. »

« Le 16 août, les Janjawid ont attaqué Garaday, un village d’environ 400 habitants proche de Silaya. Quelque 200 civils auraient été massacrés, dans certains cas à l’intérieur de leur maison, et d’autres auraient été battus et arrêtés. Tous les autres ont fui. »

« Le 20 août, des milices soutenues par le gouvernement ont attaqué le village de Murli, non loin d’Al Geneina. Quatre-vingt-deux personnes ont trouvé la mort, abattues par balles ou brûlées vives à l’intérieur de leur maison. En septembre, une nouvelle attaque des Janjawid contre Murli, menée un jour de marché, a fait 72 victimes. »

« Les raids des Janjawid contre des villages s’accompagnaient d’actes de violence envers les femmes, notamment d’agressions sexuelles. Trois adolescentes de Murli, âgées respectivement de dix, quinze et dix-sept ans, auraient été violées par des membres des Janjawid lorsqu’elles tentaient de s’enfuir. Deux femmes âgées de vingt et vingt-cinq ans auraient subi le même sort alors qu’elles ramassaient du bois à l’extérieur du village. »

« En septembre, des membres du MJE ont arrêté six personnes qu’ils soupçonnaient d’être des espions. Ils les ont frappées à coups de crosse de fusil, puis ont versé un mélange d’acide, de piments et d’essence dans la bouche, le nez et les oreilles de deux d’entre elles. Celles-ci ont été libérées en décembre ; les quatre autres personnes arrêtées en même temps qu’elles s’étaient évadées en octobre. »

« Selon toute apparence, les membres de l’armée et des forces de sécurité avaient systématiquement recours à la torture dans le Darfour ; cette pratique était également courante dans d’autres régions. »

 

Extraits du rapport annuel d’Amnesty International 2005 :

« Quand on a essayé de s’enfuir ils ont tiré sur des enfants. Ils ont violé des femmes ; j’ai vu plusieurs fois des Janjawid violer des femmes et des jeunes filles. Ils sont contents quand ils violent. Ils chantent et ils disent que nous ne sommes que des esclaves et qu’ils peuvent faire de nous ce qu’ils veulent.» A., trente-sept ans, originaire de Mukjar, dans le Darfour (Soudan)

« Tout au long de l’année 2004, le Darfour a été le théâtre d’une autre tragédie humanitaire de très grande ampleur ; c’est dans cette région du Soudan que s’est illustrée le plus nettement l’incapacité de la communauté des nations à fournir une réponse adaptée aux crises en matière de droits humains. À l’inverse du tsunami, cette situation dramatique n’était pas l’œuvre de la nature mais celle de l’homme. La communauté internationale n’a ici déployé que très peu d’efforts pour mettre un terme aux souffrances des populations concernées ou pour les apaiser.

Dans cette région, tout au long de l’année, d’innombrables femmes, jeunes filles et fillettes ont été violées, enlevées et contraintes à l’esclavage sexuel par les Janjawid, une milice armée, financée et soutenue par le gouvernement soudanais qui recrutait ses membres parmi les groupes nomades. Les viols massifs qui ont été commis, notamment les viols collectifs d’élèves, constituaient sans conteste des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

Souvent vêtus d’uniformes soudanais et accompagnés de l’armée nationale, les Janjawid ont également incendié des villages, massacré des civils et pillé les biens et le bétail. L’aviation gouvernementale a ajouté aux souffrances de la population en bombardant des villages. Quant aux forces de sécurité, elles torturaient quasi systématiquement les personnes arrêtées : bien souvent, ces dernières étaient frappées violemment à l’aide de tuyaux, recevaient des coups de fouet ou de bottes et, dans certains cas, avaient les ongles arrachés ou étaient brûlées avec des cigarettes. À la fin de l’année, le conflit avait contraint plus d’un million et demi de personnes à fuir leur foyer après la destruction de leur village et le pillage de leurs troupeaux et de leurs biens. La quasi-totalité des localités de la région ont été dévastées. Au cours des derniers mois de 2004, le conflit au Darfour s’est encore intensifié : l’armée et les milices soutenues par l’État ont lancé des offensives contre la population civile, les forces gouvernementales et les forces rebelles se sont affrontées et des convois humanitaires ont été attaqués.

 

Extraits du rapport annuel d’Amnesty International 2006 :

Au Darfour, des civils ont été tués ou blessés par les troupes gouvernementales – qui ont parfois bombardé des villages – et par les Janjawid, des milices nomades alliées au gouvernement. Des femmes ont été violées et certaines ont été enlevées et réduites en esclavage sexuel. De nombreuses personnes ont fui les conflits et l’extrême pauvreté qui sévissaient dans le sud et d’autres endroits du Darfour.

Le gouvernement soudanais et les milices qui lui sont alliées, les Janjawid, ont tué et blessé des civils au cours de bombardements et d’incursions contre des villages, ont violé des femmes et des jeunes filles et ont chassé des habitants de leurs terres . Le secrétaire général et les organes des Nations unies ont fait état de violations effroyables et d’une ampleur extrême, la situation au Darfour étant marquée par des atteintes aux droits humains généralisées et systématiques, des violations du droit humanitaire, le déplacement forcé de millions de personnes et la menace d’une famine.

 

Extraits du rapport annuel d’Amnesty International 2007 :

En août, les forces gouvernementales ont lancé une offensive de grande ampleur dans le nord du Darfour et dans la région de Djebel Marra, qui s’est accompagnée d’attaques de Janjawids contre des villages et qui se poursuivait encore à la fin de l’année. Les bombardements aériens de cibles civiles étaient fréquents. . Le recours à la torture, qui restait très répandu, était même systématique dans certaines régions, dont le Darfour.
Cette année encore, les Janjawids ont pratiqué le viol de manière systématique au Darfour. Dans la plupart des cas, cela se passait lorsque les femmes sortaient des camps de personnes déplacées pour aller chercher du bois. Dans d’autres, les femmes étaient violées lorsque les Janjawids attaquaient les villages. Les auteurs de ces actes bénéficiaient d’une quasi-impunité.

Des faits semblables sont exposés par une autre grande ONG, Humn Right Watch, par exemple dans un rapport datant de 2005 (en anglais)

Tous les témoignages recueillis par les journalistes de la presse internationale ou les membres d’ONG corroborent ces exactions. Voici quelques exemples, parmi les milliers qu’on peut trouver sur Internet.

 

Der Spiegel, juin 2005 : “Chronique d’un massacre annoncé” par Thilo Thielke

C’est alors que l’enfer se déchaîna à l’autre extrémité de la ville. Des combattants en tenue de camouflage émergèrent dans la brume matinale à l’ouest, se dirigeant vers la ville de 20.000 habitants, suivis par des hordes de miliciens arabes Janjawids à dos de chameau, se ruant sur la localité de Khor Abeche comme des cavaliers de l’Apocalypse. Une troisième vague de soldats avec des armes lourdes et des bazookas arrivèrent sur des pick-ups et des camions.Des dizaines de maisons furent incendiées en quelques minutes, faisant monter dans le ciel des nuages de fumée noire qui préfiguraient l’horreur qui allait s’abattre sur Khor Abeche le 7 avril 2005.

Abakir, voyant la fumée, partit en courant le plus vite possible avec Mariam et leurs enfants en dehors de la ville. Après avoir donné l’assaut à Khor Abeche depuis trois points endroits différents, les attaquants mirent la ville à feu et à sang, massacrant tout le monde sur leur passage – hommes, femmes et enfants. Abakir et sa famille survécurent en se cachant dans une grotte, où ils entendirent toute la journée la destruction de Khor Abeche : le grondement de l’artillerie, les tirs de Kalachnikov, les bombes larguées par les Antonov de l’armée soudanaise – et les cris épouvantables des mourants.

Le Département d’Etat des Etats-Unis a depuis longtemps défini comme un génocide ce qu’il appelle les « crimes contre l’Humanité » commis au Darfour. Amnesty International parle de « meurtres de civils, torture, viols, enlèvements, destructions de villages et de propriétés privées ». Une commission du gouvernement britannique ainsi que diverses ONG estiment qu’il y a eu entre 180 000 et 400 000 morts depuis 2003. Sur les six millions d’habitants que compte le Darfour, deux millions vivent maintenant dans des camps de réfugiés surpeuplés. 200 000 autres se sont réfugiés au Tchad.


Témoignage de Dily, ancien Janjawid, 2006. Ce témoignage a été repris dans The Guardian, 18 octobre 2006, article de Eric Reeves Sudan Tribune, octobre 2006 The Guardian, octobre 2006

Dily, un arabe soudanais, se rappelle comment pendant trois ans avec ses camarades, à dos de chameau et de cheval, il a donné l’assaut contre des villages au Darfour, rasant les habitations, tirant et hurlant « Tuez les esclaves ! Tuez les esclaves ! ».

Les maisons étaient brûlées, les hommes les femmes et les enfants tués – parfois avec l’aide des bombardements de l’aviation gouvernementale. Les commandants disaient que les villages devaient être détruits et qu’il ne fallait épargner ni les femmes ni les enfants. La plupart criaient : « Tuez les noirs ! Tuez les noirs !”.

Dily a déclaré n’avoir jamais violé de femme, mais que les autres Janjawids les violaient. ”Ils partaient avec les femmes et les filles à l’écart et les violaient. Si elles refusaient, on entendait des coups de feu »

 

The Guardian, 2 février 2005, Ewen MacAskill – L’ONU dresse une liste d’atrocités commises au Soudan qui risquent des sanctions

Les Etats-Unis ont l’intention de réclamer des sanctions contre le Soudan suite à quatre mois d’enquête qui a mis en plein jour le rôle du gouvernement soudanais et de ses milices, les Janjawids, dans la destruction d’environ 700 villages et dans le déchaînement de violences qui ont causé la mort de dizaines de milliers de personnes et le déplacement forcé d’1,8 million d’habitants. Les enquêteurs ont appuyé leurs conclusions sur une série de faits concrets. Parmi eux :

  • les récits de civils tués brûlés vifs et d’autres partiellement brûlés. Des filles âgées de 8 ans ont été violées
  • A Kailek, au su du Darfour, le rapport d’enquête mentionne que « la commission a entendu des témoins crédibles raconter que des victimes capturées étaient traînées vivantes par des chevaux et des chameaux, attachées par des cordes placées autour de leur cou. Des témoins ont vu un jeune homme se faire arracher les deux yeux. Une fois aveugle, il fut contraint de courir puis exécuté.
  • Les enquêteurs ont interviewé plusieurs témoins oculaires à Kaikek qui ont confirmé une attaque combinée des troupes gouvernementales et des Janjawids, attaque au cours de laquelle les femmes et les enfants furent séparées des hommes, puis les femmes et les enfants furent violés par des groupes d’hommes à plusieurs reprises. 80 cas de viols furent rapportés.

D’après l’ambassadeur britannique auprès des Nations Unies, Emyr Jones Parry, « la grande majorité des attaques sont des attaques terrestres par les soldats gouvernementaux, les Janjawids ou bien les deux à la fois. Des centaines de récits décrivent le meurtre de civils, des massacres, des exécutions sommaires, des viols et d’autres formes de violences sexuelles, des tortures, des enlèvements, la mise à sac de propriétés privées ainsi que la destruction délibérée et l’incendie de villages ».

Ces récits démontrent que les viols et les violences sexuelles pratiqués par les Janjawids et les soldats gouvernementaux font partie d’une stratégie délibérée.
The Guardian, mars 2009, Mark Tran – « Violez les femmes, tuez les enfants » : un ancien soldat soudanais raconte les attaques au Darfour

B Kajabier, un déserteur de l’armée soudanaise, décrit une scène juste avant l’assaut donné contre un village par l’armée soudanaise en avril 2003. Le colonel Jaja prit la parole devant ses troupes, des Arabes pour la plupart, mais quelques noirs aussi, après qu’ils furent descendus de leurs véhicules. Les ordres étaient précis : « Violez les femmes, tuez les enfants. Ne laissez rien debout »

Six ans plus tard, Kajabier, qui a fui le Soudan, a décidé de témoigner contre le gouvernement soudanais. Kajabier, un noir du Darfour qui fut enrôlé dans l’armée soudanaise, dit qu’il participa à l’attaque de plusieurs villages en avril 2003. « Nous encerclions les villages, les Janjawid nous suivaient à dos de cheval et de chameau, et pourchassaient ceux qui réussissaient à fuir les soldats. Nous brûlions les maisons une par une et nous commencions à tirer. Très peu de villageois survécurent ».

On estime que 200 000 personnes sont mortes et que 2,7 millions sont devenues des réfugiés depuis le début des combats au Darfour entre l’armée gouvernementale et les forces rebelles en 2003.

 

San Francisco Gate Avril 2006 Jim Doyle – Des survivants du génocide au Darfour racontent l’horreur

Il y a quatre mois les Janjawids ont attaqué le village de mon cousin et ont brûlé toutes les maisons… Ils ont tué mon cousin devant sa femme et ses cinq enfants »

 

Article 1 – Témoignages de réfugiés du Darfour installés au Tchad (témoignages recueillis en juin et juillet 2007 à la frontière entre le Soudan et le Tchad

Les Janjawids, avec le soutien direct et indirect du gouvernement soudanais, commettent des meurtres de masse et des actes de génocide, violent les femmes, brûlent des mosquées et tuent des enfants. Les habitants du Darfour sont victimes de ces pratiques où qu’ils vivent, dans des villages ou des camps de réfugiés. Le gouvernement soudanais a fourni des armes et des munitions aux Janjawids, et leur a donné beaucoup d’argent. Les Janjawids brûlent les villages et tuent leurs habitants avec l’aide du gouvernement soudanais qui envoie des militaires expérimentés et des avions.

Témoignage de Khadija, une femme de 22 ans du Darfour : Les Janjawids sont arrivés le 15 août 2003. Ils se sont séparés en plusieurs groupes, ont attaqué le village et tué environ 30 personnes, surtout des jeunes gens et des enfants. Après que le village ait brûlé, l’armée soudanaise est arrivée avec des soldats expérimentés, des armes lourdes et des hélicoptères qui ont attaqué le village appuyés par les Janjawids montés sur des chameaux et des chevaux. Ils ont tué 52 personnes, surtout des enfants, des femmes et des vieillards. Ils ont aussi violé plus de 20 filles. Le matin suivant, ils se sont à nouveau divisés en trois groupes et ont attaqué le village à 4 heures du matin, tuant 70 personnes. Quand ils furent à court de munitions, ils brûlèrent les villageois vivants et les tuèrent à coups de couteau.

 

BMJ.com (British Medical Journal) – La femme médecin qui a témoigné des atrocités au Darfour reçoit un prix

Halima Bashir, une femme médecin qui fut victime de viols en réunion après avoir témoigné des atrocités commises au sud du Soudan, a reçu le prix Anna Politkovskaya décernée aux femmes défendant les droits des femmes.

Le docteur Bashir explique qu’elle devait témoigner car, “en tant que médecin, j’ai soigné des enfants victimes de viol au Darfour. Imaginez cela. Imaginez un pays ou des hommes et des dirigeants gouvernementaux mettent en place une politique de viols d’enfants comme une arme de guerre. C’est ce qui se passe dans mon pays.

 

The Guardian Juillet 2008 Mark Tran – Une voix s’élève pour les victimes du Darfour

Halima Bashir, une femme médecin soudanaise qui a fui le Darfour et vit maintenant à Londres, raconte la tragédie qui se déroule dans son pays d’origine.

Pour la punir elle fut transférée à Mazkhabad, un village loin de tout dans le nord du Darfour, et devint responsable d’un dispensaire. C’est là qu’elle vit de près les atrocités commises au Darfour. Dans ses pires cauchemars, elle n’aurait pu imaginer voir de telles horreurs, et soigner des fillettes de huit ans violées à de nombreuses reprises.

Bashir dut soigner plus de 40 filles qui furent violées dans leur école alors que les soldats soudanais condamnaient les entrées. Les parents restaient à l’extérieur de l’école, entendant les hurlements de leurs filles.

Une victime de viol qui était aussi enseignante dit à Bashir : « Ils criaient et hurlaient. Vous savez ce qu’ils nous disaient ? Nous sommes venus pour vous tuer tous ! Vous mettre à mort tous : Vous êtes des esclaves noirs ! Vous êtes pires que des chiens. Le pire, c’est qu’ils riaient et exultaient alors qu’ils commettaient ces atrocités.»

Les Janjawids s’en prirent finalement à Bashir. Trois hommes en uniforme l’amenèrent du dispensaire au camp militaire, où elle fut battue et violée à de nombreuses reprises. Son calvaire se répéta un second jour durant lequel Bashir se retira mentalement dans sa tête « dans un endroit très éloigné où Dieu m’amena près de lui, un endroit où plus personne ne pouvait m’atteindre »

Bashir ne peut expliquer les actes de ses bourreaux que comme une forme virulente de racisme. « C’est à cause de la couleur de notre peau, c’est parce que nous sommes noirs » dit elle. « Même à l’école on nous insulte à cause de la couleur de notre peau. C’est quelque chose qui perdure depuis très longtemps ».

Bashir se souvient de ses études à l’université de médecine, où elle avait la réputation d’être une étudiante très travailleuse. Les cadavres que nous disséquions étaient toujours noirs. Une de ses amies lui a dit un jour : « Pour les Arabes, nous ne valons rien lorsque nous sommes vivants, et encore moins lorsque nous sommes morts. »

 

Rapport du Département d’Etat des Etats-Unis, 2004

Lorsqu’ils décrivaient les attaques, les réfugiés expliquaient souvent que l’armée gouvernementale et les Janjawids formaient un groupe uni ; comme le déclara un réfugié « les soldats et les Janjawids agissent toujours de concert ». Les principales victimes sont les populations non-arabophones du Darfour. De nombreux témoignages dignes de foi décrivent l’utilisation d’insultes raciales et ethniques par les Janjawids et les soldats gouvernementaux ; « Tuez les esclaves ; Tuez les esclaves !» et « Nos ordres sont de tuer tous les noirs » sont des mots d’ordre souvent entendus. Un réfugié a entendu un membre des Janjawids dire « nous tuons tous les noirs, nous tuons même le bétail s’il est de couleur noire ». De nombreux réfugiés décrivent des enlèvements en masse, y compris avec des camions de l’armée soudanaise, mais personne ne sait ce que deviennent ces réfugiés. Quelques témoins disent avoir connaissance d’exécutions de masse et de charniers ».

 

 

Le Darfour Détruit: Les exécutants soudanais brisent le silence from Aegis Trust on Vimeo.